La qualité de l'air intérieur impacte la santé comme la réussite des élèves. Ils sont exposés aux polluants 30 à 45 % de leur temps. Une mauvaise qualité de l'air peut provoquer de l’asthme, des irritations cutanées, altérer les fonctions cognitives. Malgré l'obligation de contrôle, seul un faible pourcentage de salles de classe est correctement ventilé. Des solutions existent pour améliorer l’efficacité des systèmes de ventilation dans les écoles.

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Les contraintes propres à la ventilation dans les écoles
Le premier défi à relever est lié à l’intensité d’occupation des salles de classe. Le nombre de personnes au mètre carré est quatre à cinq fois plus important par rapport à un bureau. Si la pollution intérieure d’origine chimique ou biologique augmente, le risque de transmission du virus est plus élevé.
Vient s’ajouter l’ancienneté du parc immobilier scolaire français, la vétusté de beaucoup d’établissements. Les réseaux de ventilation, s’ils existent, sont souvent mal conçus, sous-dimensionnés ou insuffisamment entretenus. Dans la grande majorité des écoles, le renouvellement de l’air se fait manuellement en ouvrant les fenêtres. Cette pratique est insuffisante afin d’assurer une ventilation optimale.
L’aération naturelle, associée à l’ouverture des fenêtres, se heurte en pratique à des freins récurrents :
- Les courants d’air.
- L’inconfort thermique lié aux températures froides.
- Les nuisances sonores extérieures.
- Les questions de sécurité.
- Les économies d’énergie.
Enfin, les impératifs liés à l’activité ou au rythme scolaires eux-mêmes peuvent compliquer la donne. Assurer une ventilation suffisante sans perturber le déroulement des cours ni l’attention des élèves requiert un savoir-faire. Dans certaines salles dédiées à des enseignements spécifiques (travaux pratiques de chimie, salles informatiques), les exigences de ventilation sont rehaussées.
Les solutions techniques pour relever le défi d’une ventilation scolaire efficace
La première étape consiste à réduire les sources intérieures de pollution. Le choix doit se porter vers :
- Des matériaux de construction, décoration peu émissifs en composés organiques volatils (COV).
- Un mobilier limitant les émissions de formaldéhyde.
- Des produits d’entretien les moins polluants possibles.
Le second levier consiste à empêcher l’entrée des polluants extérieurs dans les locaux. Si l’air extérieur est de mauvaise qualité, il est recommandé de s’équiper d’une ventilation mécanique. Elle doit intégrer des filtres à particules efficaces, entretenus de façon régulière. Un tel dispositif de filtration est indiqué pour les établissements situés à proximité d’axes routiers à fort trafic ou dans les zones fortement urbanisées.
Une fois les préalables posés, l’enjeu principal est de sélectionner le ou les systèmes de ventilation les mieux adaptés à chaque école. Trois grands types de solutions techniques existent :
- La ventilation naturelle. Elle utilise la circulation de l’air créée par le vent, les différences de températures entre l’intérieur et l’extérieur. L’air vicié est évacué par des sorties d’air situées en hauteur. De l’air neuf est introduit via des entrées basses. L’approche convient aux salles donnant sur l’extérieur dans des environnements peu pollués.
- La ventilation mécanique simple flux. Elle repose sur l’extraction mécanique de l’air via un réseau de bouches de ventilation reliées à un ventilateur central. L’air neuf est introduit dans les salles par des entrées d’air situées en façade. Le système permet de maîtriser les débits de renouvellement d’air de façon indépendante des conditions extérieures.
- La ventilation mécanique double flux. Elle associe deux réseaux en parallèle : un réseau d’air neuf, un réseau d’extraction d’air vicié. Un échangeur de chaleur situé dans la centrale de ventilation transfère, en hiver, les calories de l’air extrait vers l’air neuf insufflé. Il réduit ainsi les besoins en chauffage. En été, le même échangeur peut apporter de la fraîcheur. Il évacue les calories intérieures via l’air extrait.
Au-delà du choix du système, plusieurs points de vigilance s’imposent afin de garantir l’efficacité de la ventilation dans les écoles. Les ouvrants et les bouches d’entrée ou d’extraction d’air doivent être positionnés de manière judicieuse. Il convient de mettre en place des circulations d’air au sein du bâtiment, de limiter les sources potentielles de pollution extérieure. Le réseau de conduits doit être pensé pour optimiser les débits, minimiser les pertes de charge, avec des sections de passage assez généreuses, une étanchéité soignée.
Dans les locaux à occupation intermittente comme les écoles, la modulation des débits en fonction de l’intensité d’utilisation est primordiale. Des capteurs de CO2 couplés à des registres ou modules motorisés ajustent de façon automatique l’apport d’air neuf aux besoins réels de chaque salle.
L’implication de toute la communauté, condition d’une ventilation efficace dans les écoles
Sensibiliser, former les personnels (enseignants, encadrants, agents d’entretien) est un prérequis essentiel. Chacun doit comprendre le fonctionnement du dispositif, intégrer les bonnes pratiques indispensables à son efficacité. Par exemple, dans le cas d’une ventilation naturelle manuelle, savoir quand déclencher, interrompre l’aération, afin de garantir la qualité de l’air sans dégrader le confort thermique ou acoustique.
L’implication active des élèves eux-mêmes constitue un puissant levier pour ancrer la culture de la ventilation dans l’école. Équiper chaque classe d’un capteur de CO2, leur confier le rôled’ouvrir les fenêtres au moment où le signal d’alerte se déclenche les responsabilise.
Si l’engagement des acteurs de terrain est un levier majeur, il ne peut se concrétiser sans l’impulsion d’une politique pérenne en faveur de la qualité de l’air dans les écoles. Malgré quelques avancées récentes comme le nouveau Plan national santé environnement (PNSE 4), la France demeure très en retard en la matière. Elle investit 1,5 € par habitant chaque année pour la qualité de l’air intérieur, contre plus de 30 € aux États-Unis ou au Canada.
Les 3 points clés à retenir :
- Dans les écoles, la ventilation prévient de nombreuses pathologies. Elle améliore les capacités d’apprentissage des élèves.
- Seule une approche combinant réduction des polluants à la source, apport d’air neuf suffisant, maintenance rigoureuse permet d’atteindre les performances attendues.
- Sensibilisation des élèves, formation du personnel, implication des parties prenantes dans les projets… l’amélioration de la qualité de l’air dans les écoles doit s’appuyer sur une démarche globale, participative.