Ventilation hygroréglable : principes techniques et mise en œuvre

Fonctionnement des systèmes de ventilation hygroréglables

Principe technologique et composants clés

La ventilation hygroréglable repose sur un principe aussi simple qu’ingénieux : l’adaptation automatique des débits d’air en fonction du taux d’humidité présent dans les pièces. Ce système intelligent module les débits sans intervention humaine, assurant ainsi une ventilation proportionnelle aux besoins réels du logement.

Contrairement aux systèmes autoréglables classiques qui fonctionnent à débit constant, les systèmes hygroréglables détectent l’humidité relative grâce à des capteurs intégrés dans les bouches d’extraction. Ces capteurs, constitués généralement de bandes de tissu ou de polymères sensibles à l’humidité, se dilatent ou se contractent en fonction du taux d’humidité, modifiant ainsi mécaniquement l’ouverture du passage d’air.

Les composants essentiels d’un système de ventilation hygroréglable comprennent :

• Le groupe d’extraction : cœur du système, il assure la mise en dépression du logement et l’évacuation de l’air vicié
• Les bouches d’extraction hygroréglables : situées dans les pièces humides (cuisine, salle de bains, WC), elles modulent leur ouverture selon l’humidité détectée
• Les entrées d’air : placées dans les pièces de vie (séjour, chambres), elles peuvent être autoréglables ou hygroréglables selon le type de système
• Le réseau de gaines : il assure la liaison entre les bouches d’extraction et le groupe d’extraction

Types de systèmes hygroréglables : A, B et autres variantes

Il existe principalement deux types de systèmes de ventilation hygroréglable, qui se différencient par leur mode de fonctionnement :

Système hygroréglable de type A :

• Entrées d’air autoréglables (débit constant)
• Bouches d’extraction hygroréglables (débit variable selon l’humidité)

Système hygroréglable de type B :

• Entrées d’air hygroréglables (débit variable selon l’humidité)
• Bouches d’extraction hygroréglables (débit variable selon l’humidité)

Le système de type B offre une régulation plus fine des débits d’air, puisque l’entrée comme l’extraction sont modulées en fonction des besoins. Il permet donc des économies d’énergie supérieures au type A, avec des réductions de déperditions thermiques pouvant atteindre 12 % comparativement à une VMC autoréglable standard.

D’autres variantes existent également sur le marché, comme les systèmes intégrant des détecteurs de présence pour les WC ou des commandes temporisées pour la cuisine, permettant de forcer temporairement un grand débit lors des pics de pollution (cuisson par exemple).

Avantages techniques et économiques des systèmes hygroréglables

Modulation des débits et économies d’énergie

L’atout majeur des systèmes hygroréglables réside dans leur capacité à ajuster en temps réel les débits d’air en fonction des besoins, contrairement aux systèmes autoréglables qui fonctionnent en permanence au débit nominal. Cette modulation intelligente permet :

• De réduire jusqu’à 50 % les déperditions thermiques liées au renouvellement d’air en période de faible occupation
• D’économiser jusqu’à 15 % sur la facture de chauffage par rapport à une VMC autoréglable
• De diminuer la consommation électrique du groupe d’extraction grâce à la baisse du débit moyen

À titre d’exemple, une étude réalisée par l’ADEME a démontré qu’en moyenne, pour une maison de 111 m² en zone climatique H2 chauffée par effet joule, les économies annuelles pouvaient atteindre 370 € avec un système hygroréglable de type B par rapport à une VMC autoréglable (source : estimation basée sur les données de coût du kWh électrique d’octobre 2023 à 0,2276 €).

Gestion optimisée de l’humidité intérieure

L’humidité est l’un des principaux polluants de l’air intérieur, et sa gestion constitue un enjeu majeur pour la pérennité du bâti et la santé des occupants. Les systèmes hygroréglables offrent une solution proactive à cette problématique :

• Ils renforcent la ventilation lors des pics d’humidité (douches, cuisson, séchage du linge, etc.) pour évacuer rapidement l’excès de vapeur d’eau
• Ils réduisent les débits en période d’inoccupation ou de faible production d’humidité, limitant ainsi les déperditions énergétiques inutiles
• Ils préviennent efficacement les problèmes de condensation et de moisissures, principaux facteurs de dégradation des logements

Cette gestion dynamique est particulièrement pertinente dans les logements à occupation variable (résidences secondaires, logements étudiants) où les besoins de ventilation fluctuent fortement.

Méthodologie d’installation et points d’attention

Dimensionnement et positionnement des bouches

Une installation de ventilation hygroréglable efficace commence par un dimensionnement précis adapté à la configuration du logement. Selon les prescriptions de l’avis technique, il convient de respecter certaines règles :

• Pour les logements du T1 au T7, le nombre et le type de bouches nécessaires dépendent de la configuration des pièces humides
• Pour un T3 standard par exemple, on prévoira généralement une bouche cuisine BEHC 10-45/135, une bouche salle de bains BEHS 10-40 et une bouche WC BEHW 5/30

Concernant le positionnement, les bouches d’extraction doivent être installées :

• Dans les pièces humides, à au moins 10 cm des parois adjacentes
• Idéalement en faux-plafond ou en hauteur sur un mur vertical
• À l’écart des sources de chaleur directe qui pourraient perturber la détection d’humidité

Les entrées d’air doivent quant à elles être positionnées en partie haute des menuiseries des pièces principales, à au moins 1,80 m du sol, de préférence à l’opposé des bouches d’extraction pour favoriser un balayage efficace de l’air dans le logement.

Réglages initiaux et équilibrage du système

Contrairement aux idées reçues, un système hygroréglable nécessite un équilibrage rigoureux lors de sa mise en service pour garantir son bon fonctionnement. Voici les principales étapes à suivre :

1. Vérification des débits : à l’aide d’un anémomètre ou d’un cône de mesure, contrôler que les débits minimaux réglementaires sont respectés à chaque bouche d’extraction
2. Ajustement de la pression : régler la pression du caisson d’extraction conformément aux prescriptions de l’avis technique (généralement entre 80 et 100 Pa)
3. Vérification de l’équilibrage : s’assurer que la différence de pression entre les bouches les plus proches et les plus éloignées du caisson n’excède pas 10 %

Il est important de noter que les systèmes hygroréglables intègrent souvent un dispositif de réglage du nombre de sanitaires sur le caisson d’extraction. Par exemple, le modèle DECO DHU de Soler & Palau dispose d’un sélectionneur permettant d’optimiser la consommation et le niveau sonore en fonction du nombre réel de sanitaires (positions A ou B selon qu’il y ait 1-2 ou 3-4 sanitaires).

Maintenance préventive et diagnostic des systèmes hygroréglables

Un entretien régulier est indispensable pour maintenir les performances d’un système de ventilation hygroréglable. Nous recommandons de :

• Nettoyer les bouches d’extraction tous les 3 mois à l’aide d’un chiffon légèrement humide, sans détergent agressif
• Remplacer les filtres du caisson d’extraction tous les 6 mois à 1 an selon l’environnement
• Faire contrôler l’installation par un professionnel au moins une fois tous les 3 ans

En cas de dysfonctionnement, les problèmes les plus courants concernent :

• L’encrassement des bouches : elles perdent leur sensibilité à l’humidité et ne modulent plus correctement
• Des débits insuffisants : souvent dus à un encrassement des filtres ou à une obstruction dans le réseau
• Des nuisances sonores : généralement liées à un mauvais équilibrage ou à une vitesse de rotation excessive

Un diagnostic précis permettra d’identifier la source du problème et d’y remédier sans avoir à remplacer l’ensemble du système.

Compatibilité avec la RE2020 et perspectives d’évolution

Les systèmes de ventilation hygroréglables s’inscrivent parfaitement dans la dynamique de la RE2020, qui met l’accent sur la performance énergétique et le confort des occupants. Leur capacité à réduire les consommations tout en préservant une qualité d’air optimale en fait des solutions particulièrement adaptées aux nouvelles constructions.

La mise à jour de la RE2020 prévue en juin 2025 devrait renforcer encore les exigences en matière de ventilation, avec une attention particulière portée à l’efficacité énergétique des systèmes. Dans cette perspective, les fabricants comme Soler & Palau développent déjà des solutions hygroréglables de nouvelle génération :

• Systèmes hygroréglables à récupération d’énergie
• Solutions connectées permettant un suivi en temps réel des performances
• Systèmes intelligents intégrant des capteurs de qualité d’air multiples (COV, CO2) pour une approche globale de la QAI

Ces évolutions promettent des gains de performance significatifs et une intégration toujours plus poussée dans la gestion globale du bâtiment.

Conclusion

La ventilation hygroréglable représente aujourd’hui l’un des meilleurs compromis entre qualité d’air intérieur et efficacité énergétique. Son principe de fonctionnement ingénieux, basé sur la modulation automatique des débits en fonction de l’humidité, permet d’adapter en permanence la ventilation aux besoins réels du logement.

Pour tirer pleinement parti de ces systèmes, une attention particulière doit être portée au dimensionnement, à l’installation et à la maintenance. C’est à ces conditions que les économies d’énergie promises pourront être atteintes, tout en garantissant un air sain et un confort optimal pour les occupants.Notre équipe technique de Soler & Palau est à votre disposition pour vous accompagner dans vos projets de ventilation hygroréglable, depuis la phase de conception jusqu’à la mise en service, pour une solution sur mesure parfaitement adaptée à vos contraintes.