La campagne nationale menée par l’Observatoire de la qualité des environnements intérieurs (OQEI) entre 2013 et 2017 dans 300 écoles révèle une situation préoccupante. 93 % des classes présentent des concentrations en particules fines (PM2,5) supérieures aux recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Or, les enfants passent 90 % du temps à l’intérieur d’un local. De plus, leur fréquence respiratoire est deux fois plus élevée comparée à celle des adultes. Par conséquent, ils sont davantage exposés aux substances nocives présentes dans l’air intérieur.

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Technologies de ventilation dans les écoles : état des lieux des exigences réglementaires
Le règlement sanitaire départemental type définit des exigences précises pour le renouvellement d’air dans les établissements scolaires. Pour les salles de classe du premier degré, le débit minimum requis est de 15 m3/h par élève. L’enseignement secondaire nécessite 18 m3/h par personne. Les espaces spécifiques comme la restauration doivent assurer un débit de 22 m3/h par occupant.
Bon à savoir : les spécificités des différents espaces scolaires en matière de ventilation
Le guide Ecol’air met en lumière les contraintes de chaque espace. Les dortoirs constituent un défi majeur en matière de ventilation. Ils sont souvent dépourvus de fenêtres, et rarement ouverts en présence des enfants. Les salles de classe, quant à elles, présentent une densité d’occupation quatre fois supérieure à celle des bureaux. Elle génère d’importantes variations d’humidité, de concentration en CO₂.
VMC double flux : une solution technique éprouvée pour améliorer la qualité de l’air intérieur des écoles
Face à ces contraintes, la ventilation mécanique contrôlée double flux s’impose comme une solution adaptée. Certains systèmes monoblocs répondent efficacement aux besoins d’une salle de classe. Ils limitent l’encombrement des réseaux.
À noter : selon le guide Ecol’Air, un renouvellement d’air de 30 m3/h par occupant est recommandé en période d’occupation normale. Ce débit peut être augmenté jusqu’à 5-10 volumes par heure durant les vagues de chaleur afin d’améliorer le confort thermique.
Une approche globale de la qualité de l’air intérieur dans les établissements scolaires
L’expérience de l’école maternelle du Centre d’Aix-les-Bains démontre l’importance d’une approche globale. L’établissement opte pour un système combinant deux centrales double flux. La première est dédiée aux sous-sols, très exposés au radon. La seconde assure la ventilation de l’ensemble des locaux. Les débits, dimensionnés à 25 m3/h par personne, dépassent les exigences réglementaires en vue de garantir une qualité d’air intérieur optimale.
Point d’attention : l’étude de l’école Rivoli souligne l’importance de prendre en compte l’environnement extérieur. La proximité d’un axe routier peut nécessiter une filtration renforcée afin de limiter l’introduction de polluants atmosphériques comme le benzène.
Résultats, performances mesurées en matière de ventilation dans les écoles
Les mesures réalisées à l’école maternelle Rivoli par Air Pays de la Loire prouvent l’efficacité de la ventilation double flux. La concentration moyenne en formaldéhyde est passée de 32,9 à 15,8 μg/m3 après installation du système. Le niveau de confinement, évalué par la mesure du CO₂, a diminué de 30 % dans les salles de classe, 25 % dans les dortoirs. En parallèle, les conditions hygrothermiques se sont améliorées. Elles atteignent la zone de confort optimale définie entre 18-25 °C, avec 30-70 % d’humidité relative.
Ventilation pour les écoles : innovations, perspectives d’évolution
Le projet Challeng’Air, développé par le Cerema, explore de nouvelles approches pour améliorer la qualité de l’air au sein des établissements scolaires. Le programme implique les élèves dans la surveillance de leur environnement grâce à l’utilisation de capteurs de mesure en temps réel. La construction de purificateurs d’air de type Corsi-Rosenthal par les enfants eux-mêmes constitue un exemple concret de la démarche participative.
Les retours d’expérience le montrent, une maintenance régulière est indispensable pour maintenir les performances dans le temps. La commune a ainsi mis en place un contrat d’entretien pour les locaux de l’école du Centre d’Aix-les-Bains. Il inclut le changement régulier des filtres accompagné de la vérification de l’encrassement des réseaux.
Solutions techniques innovantes pour le rafraîchissement des établissements scolaires
Au-delà des systèmes de ventilation classiques, le guide Bâtir l’École préconise plusieurs solutions techniques à faible consommation énergétique en vue de rafraîchir les espaces. Les brasseurs d’air peuvent être installés en complément afin d’amplifier les mouvements d’air. Équipés de moteurs basse consommation, ils sont quatre fois plus performants d’un point de vue énergétique par rapport aux systèmes de climatisation traditionnels. Une vitesse d’air de 1 m/s abaisse la température ressentie d’environ 4 °C.
Les puits canadiens ou puits provençaux constituent une solution innovante. Le système de géothermie simple utilise les constantes de température du sol afin de tempérer l’air entrant dans l’établissement. À deux mètres de profondeur, la température du sol se stabilise autour de 15 °C en été, 5 °C en hiver.
L’expérience du lycée Robert Schuman à Charenton illustre l’efficacité de l’approche. 51 tubes de 27 cm de diamètre sur 36 mètres de longueur sont enfouis dans le sol à une profondeur de 1 à 7 mètres. Ils répondent à environ 70 % des besoins énergétiques du bâtiment.
La ventilation hybride représente une autre solution prometteuse. Elle compense le manque de tirage thermique naturel par une assistance mécanique pilotée selon la vitesse du vent, la température extérieure. La technologie s’avère pertinente dans les bâtiments existants où l’installation d’une VMC complète est complexe.
Les 3 points clés à retenir :
- Le choix d’un système de ventilation doit s’adapter au contexte de l’établissement (configuration des locaux, environnement extérieur, contraintes d’usage) afin de garantir une qualité d’air optimale.
- La combinaison de différentes technologies (ventilation mécanique, solutions passives, innovations techniques) permet d’atteindre les objectifs de qualité d’air, mais aussi de maîtriser la consommation énergétique.
- La pérennité des performances repose sur une maintenance régulière, une sensibilisation des utilisateurs aux bonnes pratiques d’aération.
